Loi Duplomb : "Je suis évidemment favorable à un débat et il faut reconnaître le succès de cette pétition", déclare Karl Olive, député Ensemble pour la République

Ce dimanche 20 juillet, Karl Olive, député Ensemble pour la République (EPR) des Yvelines, était l'invité de l'émission "la politique s'éclaire".
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Karl Olive, député Ensemble pour la République (EPR) des Yvelines, est l'invité de l'émission "la politique s'éclaire" de Brigitte Boucher. Au programme de cette interview notamment, la pétition contre la loi Duplomb qui autorise l'usage d'un pesticide en France.
Franceinfo : La loi Duplomb qui fait l'objet d'une pétition a recueilli plus de 770 000 signatures en quelques jours. La conférence des présidents se réunira à l'automne, Karl Olive, pour savoir si cela doit donner lieu à un débat dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Sachant qu'il y a eu une motion de rejet et qu'il n'y a pas eu véritablement de débat sur cette loi, est-ce que vous êtes favorable à un débat ?
Karl Olive : Oui, je suis évidemment favorable à un débat et il faut reconnaître le succès de cette pétition. Après, je crois qu'il faut, et vous l'avez dit dans le préambule, recontextualiser : pourquoi il n'y a pas eu de débat ? Parce qu'il y a eu une obstruction parlementaire monstre de la part de la gauche notamment. Pour autant, j'ai voté cette loi et j'ai voté cette loi parce que je fais beaucoup de terrain et j'ai été à la rencontre de quelque 47 producteurs agriculteurs de ma circonscription dans les Yvelines. On doit faire, je crois vraiment, du discernement. Mais s'il fallait se retrouver à l'Assemblée pour, non pas réexaminer, mais avoir un débat, et qu'ensuite le président de la République, ou pas, promulgue cette loi, alors moi, je ne rencontre aucune difficulté par rapport à cela. Voyez-vous, hier, je dînais justement avec un de mes amis et on échangeait sur cette loi Duplomb. D'ailleurs, je note que Monsieur Duplomb s'est parfaitement exprimé sur votre antenne. Je lui disais : "Les fraises que tu prends en dessert, on a appelé le chef, il nous dit qu'elles venaient d'Espagne." Et bien, typiquement, ces fraises qui viennent d'Espagne sont effectivement faites avec un certain nombre d'éléments qui sont interdits en France. C'est là où je crois qu'il me semble nécessaire de corriger quelque chose, parce que d'un côté, on parle de souveraineté agricole, mais on autorise certains pays européens à faire ce que nous autres, sommes interdits de faire. Je prends un exemple dans un autre domaine. Vous savez, les colliers à puce, les colliers à puce qu'on met sur nos chiens parfois, sont effectivement fabriqués avec des produits qui sont interdits. Les shampoings anti-poux, c'est la même chose, etc. Mais s'il fallait se retrouver sur les bancs de l'Assemblée pour débattre de cette loi, évidemment que je serais le premier à signer pour aller dans ce sens-là.
Franceinfo : Effectivement, les agriculteurs disent qu'il y a une concurrence déloyale avec les autres pays européens parce qu'il n'y a pas d'harmonisation, notamment sur cet insecticide tueur d'abeilles qui est dans cette loi Duplomb et qui justement fait débat. Vous disiez qu'il faut qu'il y ait ce débat dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Ça veut dire que le président doit attendre avant de promulguer la loi. On sait que Génération écologique lui a demandé de ne pas le faire.
Karl Olive : En fait, on a une constitution qui est la constitution. Sauf si je me trompe, et vous l'avez rappelé à l'entame de votre magazine, cette loi a été votée constitutionnellement et qu'aujourd'hui il y a une possibilité grâce à cette pétition de pouvoir débattre à l'Assemblée. Donc ça, c'est la première marche. La deuxième marche, c'est l'inscription à l'ordre du jour de ce qu'on appelle la conférence des présidents, une décision sera prise à la rentrée prochaine. Mon petit doigt me dit qu'il ne faut surtout pas interdire le fait de pouvoir se retrouver à l'Assemblée, et puis derrière, chacun prendra ses responsabilités. Mais rappelons-nous que cette loi a été aussi proposée en amont parce que l'utilisation du produit interdit aujourd'hui est strictement encadrée et dérogatoire. Donc ce n'est pas parce qu'ils sont autorisés qu'ils sont forcément utilisés. C'est dérogatoire et encore une fois encadré. En revanche, cette loi permet de mieux protéger les agriculteurs et de faire en sorte qu'il n'y ait pas d'injustice et d'injustesse sociale par rapport aux autres producteurs européens.
Franceinfo : On va parler budget avec vous, Karl Olive. Le Premier ministre a présenté son plan budgétaire cette semaine. Il est critiqué par les oppositions, il est critiqué par les syndicats, par l'opinion publique, les oppositions qui déjà brandissent la censure. Est-ce que vous croyez vraiment qu'il y a un trou de souris pour faire passer ce budget ?
Brigitte Boucher, si on se dit les choses, il est critiqué par tout le monde. Il y a 68 millions de Français, c'est 68 millions de sélectionneurs qui peuvent critiquer, à juste titre, ce budget. Moi, à titre personnel, par exemple, je suis contre la création de toute nouvelle taxe. Je pense qu'il faut absolument d'abord balayer devant sa porte et restructurer les finances publiques. Mais comme le disaient un certain nombre de vos confrères, puisqu'on demande aux députés et aux sénateurs de se mettre d'accord pour que le projet de loi de finances qu'elle passe à la fin de l'année, moi, je suis d'avis qu'on puisse aussi récupérer, je dirais, les contributions des Françaises et des Français, ce sont les premiers concernés. Moi, j'appelle tous les habitants de la 12ème circonscription des Yvelines, il y a 120 000 habitants, j'appelle tous les députés à faire de même pour que nous récupérions également, je dirais, les idées des Français pour restructurer les finances publiques. Nous sommes tous concernés par rapport à cela. Mais il me semble qu'avant même d'aller créer une taxe supplémentaire, nous devons réduire le train de vie de l'État. Et nous sommes tous concernés. Ça sera un sursaut collectif, ou ça ne sera pas.
Franceinfo : Quand vous dites que vous êtes contre des nouvelles taxes, cela veut dire que vous êtes contre, par exemple, l'année blanche ? Est-ce que vous êtes contre la contribution pour les plus aisés ?
Karl Olive : Alors, le gel ou l'année blanche, ce n'est pas la création d'une taxe supplémentaire. Après, je pense là encore, on dit souvent que tout ce qui est excessif est insignifiant. Oui, il me semble que les ultracapitalistes peuvent faire un effort. Moi, par exemple, je suis contre la taxation, quelle qu'elle soit, auprès par exemple des retraités. Pourquoi ? Un certain nombre de retraités, pendant toute leur vie, ont travaillé et parfois ont travaillé plus pour gagner plus, et un petit peu plus dans le cadre de leur future retraite. Je suis contre la taxation des retraités, par exemple. Mais je suis également pour véritablement faire une espèce de dissection des agences de l'État qui sont autonomes et qui n'ont aucun lien hiérarchique avec qui que ce soit, pour que certaines soient supprimées et d'autres soient, je dirais, ajustées. Et puis de la même manière, on doit travailler aussi sur l'amélioration des conditions de travail dans la fonction publique, ce qui permettra, de fait, d'engendrer une baisse de l'absentéisme. C'est ce que j'ai fait, je n'invente rien, c'est ce que j'ai fait à Poissy lorsque j'étais maire. On a amélioré les conditions de travail en baissant l'absentéisme tout simplement en offrant deux heures de sport aux agents dans le cadre du temps de travail. C'est un million d'euros généré économiquement depuis dix ans. Vous savez, toutes ces petites pierres, à un moment donné, vont créer un bel édifice qui fera que l'État vivra, sinon mieux, vivra, je dirais, plus rationnellement, ce qui n'est pas forcément le cas aujourd'hui.
Franceinfo : Bruno Retailleau dit qu'il y a des manques dans ce budget, qu'il faut l'améliorer. Et il cite notamment l'immigration et l'AME qui n'y figurent pas. Est-ce que pour vous, c'est un manque également ?
Karl Olive : Je crois d'abord qu'il faut rappeler que ce qu'a fait M. Bayrou, le Premier ministre, c'est qu'il a eu un mérite : c'est qu'il a sorti toute la poussière qui était sous le tapis depuis une quarantaine d'années. Donc ça, il faut le saluer. C'est ce que j'appelle le champ des possibles. Aujourd'hui, l'ensemble des partis politiques, l'ensemble des députés, ainsi que des sénateurs, ont la possibilité, et encore une fois, on ne peut pas faire mieux, d'améliorer ce budget qui est proposé. Chacun viendra y mettre sa contribution pour trouver le plus petit commun dénominateur. M. Retailleau, il a raison, il faut s'affranchir de rien. D'ailleurs, j'entends sur le terrain qu'on a deux noms qui sortent, M. Retailleau et Gérald Darmanin, chacun dans leur domaine à l'endroit des Français. Mais je pense qu'on doit s'affranchir de rien. Je suis pour une immigration contrôlée par le travail, sans aucune stigmatisation. En revanche, je ne suis absolument pas pour fermer les frontières sans aucun cadre, etc. Je suis également pour, effectivement, retoiletter peut-être l'AME. Je suis également pour la lutte contre la fraude sociale et la fraude fiscale. Je crois qu'on doit s'affranchir de rien et on doit tout mettre sur la table parce que si on ne le fait pas, alors comme d'habitude, on se pincera le nez, on regardera ailleurs et on en viendra à ce que les générations futures hériteront de ce que nous vivons aujourd'hui. C'est-à-dire qu'on hérite de 3 400 milliards de dettes, et cette dette-là ne date pas simplement de quelques années, cela fait quelques dizaines d'années si on se dit les choses correctement.
Francetvinfo